Ancienne esclave, Library of Congress V Le Vauclin, 5 novembre 1848, 5 heures du matin. À bien y réfléchir, j’aurais pu naître au beau milieu de l’œil d’un cyclone. Mais il avait déjà soufflé, au mois de mai, au milieu du carême, et, au lieu de faire...
IV Il ne m’écoute pas, il ne m’interrompt pas, je crois bien qu’il me craint. Même un peu délavée par les années de bagne la légende noire de Surprise, la femme-flame de Martinique ne s’est pas effacée tout à fait et, pour rien au monde, il ne prendrait...
III Les nouvelles de France mettent du temps pour arriver jusqu’à Cayenne et pour qu’elles se répercutent jusqu’à Saint-Laurent du Maroni, cette fourmilière ignoble où les forçats libérés mais soumis au doublage désespèrent en masse, il faut beaucoup...
II — Je n’ai tué personne et on me laisse pourrir ici ! C’est tout ce que sait dire Marie Léon Joseph Félix, mon époux devant les hommes et l’Administration Pénitentiaire. Cette putain malodorante de Tentiaire qui, dans l’enfer poisseux de Saint-Laurent...
I — Je ne suis pas née esclave. Il s’en est fallu de très peu, mais c’est un fait, et cela change tout ! Lumina s’écarta du corps fatigué de ce mari que la colonie lui avait octroyé, ce bagnard dont la peau, couverte de tatouages, se lisait comme un livre...
En ce temps-là, ma vie se déroulait tout en entier dans un étroit triangle où, comme autant de bissectrices, aboutissaient trois rues. L’avenue Duquesne où se trouvait la faculté de lettres, la rue de Kérabécam avec l’hôpital Morvan et l’école d’infirmières,...
Le Maroni (photo non signée) IV Il ne m’écoute pas, mais ne m’interrompt pas non plus. Même un peu effilochée par les années passées, à Saint-Laurent, la légende noire de Lumina Sophie, la révoltée de Martinique, ne s’est pas tout à fait effacée et il...
bagnards au travail, tableau de F. Lagrange, peintre bagnard, Cayenne musée Fraconie 3 De Paris à Cayenne les nouvelles mettent longtemps à arriver. Et pour qu’elles se répercutent jusqu’à Saint-Laurent du Maroni, cette fourmilière indigne où les forçats...
Transportés et surveillant en 1863. Gravure de J.Gauchard d'après un dessin de Riou 2 — Je n’ai tué personne et on me laisse pourrir ici ! C’est tout ce que sait dire Marie Léon Joseph Félix, mon époux devant les hommes et l’Administration Pénitentiaire,...
On m’appelait Surprise — Je ne suis pas née esclave. Il s’en est fallu de très peu, mais c’est un fait, et cela change tout ! Lumina s’écarta du corps fatigué de ce mari que la colonie lui avait octroyé, ce bagnard dont la peau, couverte de tatouages,...