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Dédicaces en Bretagne / Commentaires

Publié le par José Le Moigne








      Voilà, je suis de retour en Belgique. j'ai retrouvé mon bureau, mes livres, mes manuscrits en cours qui sont un peu en cale sèche ou plus exactement, en bassin de radoub. Je ne parlerais pas de Brest 2008; grandiose comme il se doit, ni de la rade peuplée de voiliers d'exception qui me rappelle le temps où, niché au creux de mon lit, à la lumière clandestine du réverbère qui par chance jouxtait la fenêtre de ma chambre, je me repaissais des histoires de marine en écoutant les sirènes de brume où le vent qui, plus souvent qu'à son tour, soufflait sur la ville martyre et la prenait en enfilade. Cela je l'ai déjà dit dans mes livres et plus précisément dans " Chemin de la mangrove "( L'harmattan 1999 ).Peut importe si cette ville moderne où le béton est roi ne ressemble plus en rien à celle que célébra Mac Orlan. Pour qui sait écouter, le tonnerre de Brest tonne toujours pour signaler la fugue d'un bagnard. Moi-même, que suis je d'autre qu'un fugueur? Pas un clochard céleste, encore moins un hobo à la Steinbeck, quand à la route, je l'ai laissée à Kérouac et autre vagabond mystique. Moi, j'ai fugué comme fugue un condamné à mort, un nègre de plantation, un soldat insoumis et je me garderai bien de dire que j'ai vaincu. Simplement je suis là, comme à vingt ans, à trente ans, à regarder la ligne d'horizon avec l'envie de la décadenasser. L'échec est garanti... dès mon premier vagissement à Fort-de-France je le savais déjà. Et Alors? Combien de nègres au fond de l'océan pour que je puisse écrire ces mots? Si c'est de la grandiloquence que de le revendiquer et de proclamer par là-même mon droit à l'insurrection, je  l'assume: et deux fois plutôt qu'une. Voilà ce que je souhaitais écrire  avant de mettre en ligne la série des articles que la presse m'a consacré lors des signatures que j'ai données en Bretagne le mois passé. Qu'on se le dise, je suis inassimilable. Je suis nègre marron et corsaire breton et j'ai la peau brûlée par le vent des épices.





Ne te joue pas de mes saisons
mourir est acceptable
si on a comme l'arbre
justifié son enfance


              José Le Moigne
                  
Offrande du matin 




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C
Je suis d'un pays qui n'a guère de mémoire,Je suis d'un pays qui peu à peu meurt de froid.Impasse de l'étoile filante, au pied de l'arbre, Man Gabou a enterré ton ombilic.Tu es de pays aux senteurs marines épicées...J'ai choisi,Suis femme de  nègre marron et  de corsaire breton.
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R
Salut, José (je suis "matinale", n'est-ce pas?). Rien à faire, j'aime beaucoup ton style, ton bureau belge t'apporte l'inspiration!Je t'adresse "Hauteurs" 24 en Belgique?
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